Cette histoire a contribué à la légende Bazas (Gironde). Et, en 2024, on célèbre ses vingt ans. Le trésor de Bazas rassemble tous les éléments pour créer un bon récit.
Des pièces d’or et d’argent cachées durant des siècles. Une découverte fortuite. Un secret gardé durant des mois avant une vente aux enchères hors du commun.
Un trésor découvert lors de travaux
Rembobinons… Nous sommes le 13 mai 2004. Un jour comme les autres. Dans une habitation du centre-ville de Bazas, tout près de la cathédrale, un maçon entreprend des travaux. Le bâtiment lui appartient.
Alors qu’il utilise son marteau-piqueur pour créer une fenêtre, l’artisan fait une incroyable découverte.
Dans une niche, aménagée pour abriter un dépôt monétaire, il y distingue deux pots : l’un en terre vernissée verte et l’autre en terre cuite grisâtre. Dans le premier, 157 monnaies d’or. Dans l’autre, des pièces en argent.
« En grattant les gravas, de petites pièces de billon, appelées ‘pièces noires’, éparpillées en vrac autour des deux pots, sont mises au jour », écrit Michel Darriet, correspondant du Républicain Sud-Gironde. Au total, 1.010 pièces.
Des pièces du XIVe siècle en « parfait état de conservation »
À l’abri des regards et des convoitises, le précieux butin a traversé les décennies, les époques, les siècles.
La plus ancienne monnaie est un franc à cheval de Jean II le Bon (1360). La plus ‘récente’ date de 1483. Ces pièces viennent des quatre coins de l’Europe : Pays Bas, Italie, Angleterre, etc.
Un trésor exceptionnel de 1.010 pièces
Le trésor de Bazas, qui dormait depuis des siècles avant d’être mis au jour par un maçon, était incroyable. Composé de 1.010 pièces, dont pas moins de157 en or, il a attiré toutes les convoitises lors de la vente aux enchères exceptionnelle organisée à Angoulême, le 29 octobre 2005. Le trésor était composé de pièces provenant du Royaume de France, du duché d’Aquitaine, de la péninsule ibérique, du Dauphiné, d’Italie (Naples, Bologne, duché de Milan, royaume de Sicile…), des Pays Bas, du duché de Bretagne, d’Angleterre, de Provence, du comté d’Evreux et de Bourgogne.
À qui ce trésor appartenait-il ? Le mystère est entier. Mais les spécialistes font consensus. Le propriétaire était vraisemblablement un notable ; soit un commerçant qui vendait ses denrées en Europe, soit un voyageur, soit un ecclésiastique…
Un butin qui a traversé les époques, les guerres…
L’homme a dû disparaître de façon brutale, sans avoir pu prévenir quiconque, aux alentours de 1483. Et les pièces, accumulées tout au long de sa vie, passent finalement des siècles dans un mur. Les protestants, lors du pillage de la cité en 1577, ne mettent pas la main dessus. À la Révolution, période de troubles pour l’évêché, le magot est préservé… Miraculeux, tout simplement.
Le trésor de Bazas, « un trésor exceptionnel »
Retour à l’époque contemporaine. Le lendemain de sa trouvaille, l’artisan contacte la direction régionale des affaires culturelles. Le trésor est remis au directeur du département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque Nationale de France. Un inventaire détaillé est effectué. Dans la cité bazadaise, le secret est soigneusement conservé jusqu’en 2005, année de la mise aux enchères. Celle-ci a lieu à Angoulême, le 29 octobre 2005.
Dans les colonnes du Républicain Sud-Gironde, le commissaire-priseur, Vincent-Gérard Tasset, témoigne de l’invraisemblable émulation autour du « trésor de Bazas ». La vente est annoncée comme extraordinaire. L’événement attire la presse de tout le pays.
La rareté, le nombre et le parfait état de conservation des pièces, demeurées dans le noir depuis cinq siècles, en font un trésor exceptionnel […] 300 clients du monde entier se sont manifestés. Les numismates de tous les pays ont fait leur choix.Vincent-Gérard Tasset
Le maire de la ville, Paul Marquette, fait le déplacement en Charente. Sa mission : acquérir des pièces au profit du musée municipal.
A la vente aux enchères, le trésor de Bazas bat des records
Pour cela, l’édile dispose d’une enveloppe de 7.000€. Grâce à elle, la Bazas acquiert six pièces d’or et neuf monnaies d’argent.
Dans la salle des ventes, les prix grimpent, flambent. A titre d’exemple, un lot de deux monnaies d’argent anonyme, datant du XVe siècle, évalué à 150€, est adjugé à 5.500. Soit 36 fois son estimation.
Le trésor de Bazas vendu pour 350.000€
Les pièces, elles, sont dispersées dans le monde entier. Un Dobla d’or Alphonse D’Avilla, frappé 1453-1468, battant tous les records, est adjugé à 24.000€. Au total, les 311 lots de cette vente aux enchères partent pour près de 350.000€.
Deux décennies plus tard, le trésor de Bazas continue de faire rêver les curieux ainsi que les passionnés d’histoire. Qui se plaisent à imaginer une nouvelle découverte…
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Voir aussi : Découverte d’un trésor de pièces d’or