Source : https://www.lejdd.fr/Societe/Chasseurs-de-tresors-la-nouvelle-lubie-des-Francais-648457
Une dizaine de personnes font déjà la queue. Elles attendent l’ouverture de la boutique parisienne spécialisée dans le matériel de chasse au trésor! Habitués ou nouveaux clients, tous sont venus ici réaliser un rêve de gosse : acheter leur premier détecteur de métaux pour arpenter les champs, les plages, les prairies… à la recherche d’objets perdus. « C’est comme ça tous les jours, on voit de plus en plus de monde », constate Melvyn Derouen, propriétaire de la Maison de la détection dans le 15e arrondissement. Dès 10h, le téléphone ne cesse de sonner, les commandes d’affluer sur le net.
Bercés par les récits d’aventuriers comme Indiana Jones ou Benjamin Gates, les adeptes de cette activité mystérieuse seraient aujourd’hui près de 40.000 en France. « Le nombre exact des prospecteurs est inconnu car ils ne sont pas recensés », souligne Pierre Angeli, président de la Fédération nationale des utilisateurs de détecteurs de métaux. Avec 3.500 ans d’histoire métallique et l’apparition des premières monnaies sept siècles avant J-C, la France est un territoire riche en trésors. Le nombre de découvertes reste une énigme, sans doute parce que beaucoup demeurent secrètes.
« C’est un bon moyen de se faire un peu d’argent »
Passion, curiosité ou désir d’arrondir les fins de mois expliquent cet engouement. Michel, un cinquantenaire, court après « ces minutes d’adrénaline où équipé d’un appareil et à l’aide d’une pelle, on exhume un moment du passé ». « Cela fait vingt ans que je pratique ce loisir. Quand on trouve une monnaie de l’époque gauloise ou une alliance perdue, on s’imagine plein de choses. Qui a pu les perdre? Qui a pu les porter? C’est dingue ». Plus pragmatique, Pierre, étudiant, sillonne les plages chaque été dans l’espoir de récupérer des bijoux perdus par les vacanciers.
« C’est un bon moyen de se faire un peu d’argent. Je peux gagner cinquante euros par jour pendant les vacances, les pieds dans le sable. Ma plus belle prise fut une chevalière en or de vingt et un grammes. » Les histoires familiales aiguisent aussi l’appétit de ces adeptes du détecteur. Dans une cave, dans un mur, dans un jardin, cacher ses économies était courant avant l’apparition des banques ou pendant les grandes guerres, « Il pourrait y avoir un petit magot dans les murs de la maison de mon grand-père en Auvergne, je vais tenter ma chance », glisse un autre jeune client ce mardi matin.
Les détecteurs, de 150 à 1.500 euros pièce
Melvyn Derouen, lui, vit de cette passion. Parisien, un look banal, jean et tee-shirt, ce jeune trentenaire croit en sa bonne étoile. Depuis ses quatorze ans, ce passionné d’histoire et d’énigmes cherche et trouve. Du jardin de ses parents aux bois qui bordaient son village dans les Yvelines, chaque bout de terre est passé entre les doigts de ce rêveur. Il y a cinq ans, il a racheté la Maison de la Détection : « Un pari fou et ambitieux mais qui paye. Notre chiffre d’affaires a été multiplié par dix en trois ans! » Produits vedettes du magasin, les détecteurs se vendent comme des petits pains, de 150 à 1.500 euros pièce.
Sur le web, ces chasseurs de trésors partagent leurs trouvailles. Vidéos, photos, toutes leurs aventures y sont dévoilées. Récemment, un habitant de Franche-Comté a exhumé dans sa demeure 440 pièces Napoléon de vingt francs or, datant de 1851 à 1914. Valeur estimée : plusieurs milliers d’euros. « Les poches n’existaient pas, elles ne sont apparues qu’au 15e siècle. Nos ancêtres avaient des petites bourses, et bien souvent elles se perdaient ! Il n’existe pas un village où il n’y a pas de petits trésors dissimulés quelque part », s’émerveille Melvyn Derouen. Ces trésors peuvent rapporter gros mais aussi de sérieux ennuis.
La loi est claire : il est interdit de prospecter sans autorisation sur les terrains privés, les forêts qui appartiennent à l’ONF, les sites archéologiques et les régions où des bombes enterrées des deux guerres mondiales sont encore présentes. Toute partie de chasse au trésor doit être déclarée auprès des services archéologiques. En cas de fraude, les sanctions encourues sont rares mais lourdes: une condamnation pénale assortie de 1.500 euros d’amende, et de la prison ferme en cas de recherche ou de pillage sur un site archéologique en cours de fouilles. Ventes sous le manteau, collections secrètes, certains pilleurs en font leur gagne-pain. « Il y a beaucoup de dérives dues à un mauvais encadrement, conclut Pierre Angeli, le président de la Fédération nationale des utilisateurs de détecteurs de métaux. Mais les prospecteurs sont avant tout des amoureux de l’histoire. »
Source: leJDD.fr
Si vous souhaitez savoir s’il y a un trésor caché dans votre maison, vous pouvez utiliser les services de : https://recherchedetresor.fr
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